Sandra Ifrah : Jeunes de France, il est grand temps de se parler car l’ignorance sur Israël amène à se tromper d’ennemi

12/7/2025
Société & Actualité

TRIBUNE L’État hébreu est une société ouverte, multiculturelle, infiniment diverse, qui ne se laisse pasréduire aux clichés colportés par ses ennemis. Les communautés religieuses yvivent en bonne intelligence, échangent et dialoguent en apprenant à mieux seconnaître, rappelle Sandra Ifrah.

Par Sandra Ifrah, Ambassadrice de France-Israël chargée du rapprochement des sociétés civiles
Publié le 13 décembre 2024

Dans un contexte géopolitique en pleine mutation, où unnouvel ordre mondial semble émerger, il est crucial d’établir des bases solidespour dialoguer et avancer ensemble. Aujourd’hui, je m’adresse à la jeunesse,mais pas n’importe laquelle.

Celle qui est capable de faire preuve de discernement, d’éviter les piègestendus par l’extrême gauche française, ou du moins désireuse d’en sortir. Cellequi est capable de s’indigner contre toutes les injustices de notre époque,sans les trier pour des raisons communautaristes… Nous n’avons pas entendugrand-chose, dernièrement, sur les autres drames du monde.

Pour les soutiens inconditionnels de La France insoumise, pour ceux-là, ilest sans doute trop tard. Ils sont victimes, malgré eux, d’une propagande antisémite, comme on n’enn’avait pas vue depuis les années 1930. À cause d’un entêtementélectoraliste qui se fiche de la réalité, ces derniers sont probablementirrécupérables.

Inutile d’essayer, l’ignorance restera leur refuge pour conforter leurhaine et tenter de délégitimer l’État d’Israël. J’appelle tous les autres ausursaut républicain. Ceux qui n’ont pas peur de voir et d’entendre la réalité,même lorsqu’elle va à l’encontre de toutes les contre-vérités délirantes quiabreuvent les réseaux sociaux. Et particulièrement sur un sujet : Israël. Alorsparlons-en.

1 / Israël, terre de diversité

l suffit de se promener dans les rue de Jérusalem, Tel-Aviv, Jaffa ou Haïfapour s’en rendre compte. Contrairement aux idées reçues qui tendent à réduireIsraël à une société monolithique ou cloisonnée, la réalité est bien pluscomplexe. Il a été difficile de faire un choix parmi les exemples pour enparler, tant le sujet de la multiculturalité israélienne est riche ets’apprécie au quotidien dans ce minuscule pays.

En voici quelques-uns. Les universités israéliennes sont un espace decoexistence dont devraient s’inspirer leurs homologues françaises. Elles nesont pas simplement des espaces d’étude, elles sont aussi des lieux de dialogueinterculturel. On y trouve des étudiants juifs, musulmans et chrétienspartageant les mêmes amphithéâtres, travaillant sur des projets communs etparticipant ensemble à des débats intellectuels. Cette réalité dément lesclichés d’un Israël replié sur une seule identité et met en lumière le rôle deces institutions comme catalyseurs d’une coexistence possible.

2 / À l’Université de Haïfa, les étudiants non juifssont près de 40 %

À l’Université de Haïfa, par exemple, les étudiants non juifs représententprès de 40 % du corps étudiant, une proportion qui reflète l’identité mixte dela ville. En termes de diversité, l’université de Jérusalem est le meilleurexemple. Considérée comme l’une des meilleuresdu Moyen-Orient, elle est le point de rencontre parfait entre lesétudiants de Jérusalem-Ouest (majoritairement juifs) et Jérusalem-Est(essentiellement musulmans).

L’université est dotée d’un département Stratégie et diversité, codirigépar la professeure Mona Khoury. Plus de 20 % des étudiants de cette universitésont musulmans, et la proportion augmente d’année en année. L’enjeu estimportant, car forts de cette formation de premier ordre, les jeunes diplôméspourront travailler dans les meilleurs hôpitaux israéliens, les entrepriseshigh-tech, les municipalités… une intégration réussie de bout en bout.

Le campus de l’université de Jérusalem a été choisi pour mener le programmeGood Neighbors Project. Son principe est d’organiser régulièrement des réunionsavec les jeunes et les étudiants des quartiers arabes voisins de l’université.Certains bénéficient de bourses d’études, mais aussi de cours à l’école Mendel,qui prépare l’entrée à l’université. Depuis la blessure du 7 octobre, tous lesacteurs des programmes “diversité” savent qu’il existe un virage difficile àpasser, mais chacun s’est accordé pour dire que c’est justement le moment depersévérer et de poursuivre ce fantastique travail en commun.

3 / Les musées et le monde de la culture israéliens :si loin du manque de courage du milieu culturel français

Au musée de Jérusalem, le mélange des cultures prend tout son sens. Desclasses, communes aux Juifs et aux Arabes, sont organisées pour permettre detisser des liens grâce à la culture. On apprend la poterie, la mosaïque, lapeinture… Les cours sont dispensés dans les deux langues, arabe et hébreu, etpermettent une compréhension mutuelle efficace pour apaiser les tensions quipourraient exister chez des adolescents entre 13 et 17 ans. Une autre vision dela société s’offre ainsi à eux.

Le musée d’Israël à Jérusalem expose également des œuvres d’art issues destraditions musulmane et chrétienne, reconnaissant ainsi la richesse culturelledes différentes communautés vivant sur ce territoire. Dans le domaine duthéâtre, des compagnies comme le Théâtre El-Hakawati, à Jérusalem-Est, ou leThéâtre Al-Midan, à Haïfa, offrent des plates-formes aux artistes non-juifspour exprimer leurs visions et leurs récits, souvent en collaboration avecleurs homologues juifs. Ces initiatives démontrent que l’art et la culturepeuvent transcender les divisions et servir de ponts entre les communautés.

4 / La santé : un vrai modèle d’humanité universel

Israël se distingue aussi par un système de santé exemplaire, quitranscende les divisions ethniques et politiques. Tous les citoyens, qu’ilssoient juifs ou non-juifs, y bénéficient d’un accès égal aux soins. Mais cemodèle va au-delà de ses frontières : chaque année, des milliers dePalestiniens de Gaza et de Cisjordanie sont soignés dans les hôpitauxisraéliens.

Un exemple frappant de cette éthique universelle est celui de YahyaSinouar, chef du Hamas et ennemi déclaré d’Israël. En 2004, il a été opéré d’une tumeurau cerveau dans un hôpital israélien, bénéficiant des compétences demédecins qu’il combattait.

Le pire dans cette histoire, c’est que le Dr Yuval Bitton, le médecinisraélien qui a sauvé la vie de Yahya Sinouar, ne regrette rien et affirmequ’il referait la même chose aujourd’hui… Alors que son neveu a été tué le 7octobre par l’attaque du Hamas, organisée par ce même Yahya Sinouar. Ceparadoxe illustre la force morale du système médical israélien, guidé par uneéthique où la vie humaine prime sur les conflits. Dans des hôpitaux commeHadassah ou Sheba, juifs, musulmans et chrétiens se côtoient, non seulement entant que patients, mais aussi en tant que professionnels de santé. Ce quotidiende coopération incarne l’esprit de coexistence qui caractérise Israël.

5 / Il est temps de promouvoir une plus grandeouverture d’esprit

Et en France, on s’occupe quand de notre vivre ensemble ? Il est temps queles étudiants des universités françaises et d’ailleurs prennent exemple surIsraël. Afin de promouvoir une plus grande ouverture d’esprit, non seulement entermes d’acceptation de la diversité ethnique et religieuse, mais aussi dans lamanière dont les cultures peuvent se nourrir mutuellement pour le bénéfice detous.

Et surtout, ne vous trompez pas d’ennemis ! Les juifs sont devenus, sousprétexte d’antisionisme, les boucs émissaires d’un contexte national complexe,dans lequel l’esprit républicain laisse place à une communautarisation desesprits, encouragée par une extrême gauche en quête d’électeurs. Faisant placenette aux vrais dangers qui menacent notre pays : la désunion et le chaos.

Sandra Ifrah, Ambassadrice de France-Israël chargée du rapprochement des sociétés civiles

Sandra Ifrah

Ambassadrice de France-Israël chargée du rapprochement des sociétés civiles.

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